Après avoir visionné à plusieurs reprises la trilogie de Francis Ford Coppola, j’ai enfin pris le temps de lire Le Parrain, le célèbre roman de Mario Puzo. J’ai d’abord été impressionné par la fidélité du premier film au texte original. Le livre, toutefois, va plus loin : il met en lumière le visage sanglant de l’Amérique, et plus particulièrement celui d’un New York en pleine transformation. On y retrouve toutes les contradictions propres à une grande métropole : à la fois dominée par le capitalisme et la violence, mais aussi marquée par la solidarité, les traditions, le progrès et le conservatisme. C’est une jungle où se côtoient pauvreté et richesse, religiosité et mœurs douteuses, patriotisme et communautarisme, bonheur et tristesse.
Le roman nous entraîne au cœur d’une époque de bouleversements rapides, ébranlée par les guerres mondiales et reconfigurée par l’immigration. C’est, en quelque sorte, l’évolution états-unienne concentrée en un seul ouvrage.
Le Parrain se présente donc comme une fable sur l’Amérique de la première moitié du XXᵉ siècle, où s’expose toute l’ambiguïté du rêve américain. Puzo aborde la famille, la loyauté et l’honneur, mais aussi le pouvoir, la corruption et la violence qui gangrènent une société en apparence prospère. Inspiré par des anecdotes recueillies en tant que journaliste, il a livré ici un récit puissant, devenu un classique de la littérature. Le roman a été un succès immédiat, mais c’est surtout son adaptation cinématographique, désormais culte, qui a fixé l’œuvre dans la mémoire collective.