Depuis que Justin Trudeau est au pouvoir, l’enjeu de la légalisation du cannabis est devenu incontournable. Dans un avenir rapproché, il ne serait donc pas étonnant qu’une loi vienne en autoriser et encadrer la vente. Est-ce qu’à nouveau, l’État en profitera pour avoir la mainmise dans un domaine qui devrait être réservé au secteur privé ? Après l’alcool, est-ce que le cannabis deviendra une autre vache à lait gouvernementale, un autre monopole public insupportable ?
Cela dit, si je peux comprendre l’idée derrière la légalisation – certains parleront de progrès social ce qui dans les faits, me laisse songeur, surtout après la lecture du roman Le Meilleur des mondes – nous marchons néanmoins sur un terrain miné et je ne peux que constater l’étrange paradoxe entre le cannabis et le rôle de plus en plus maternant que se donne les gouvernements. Et c’est encore plus vrai lorsque nous regardons la lutte acharnée des autorités vis-à-vis le tabac : d’un côté, elles parlent de libéraliser voire démocratiser la vente (et l’achat) du cannabis et de l’autre, elles s’en prennent, condamnent et diabolisent l’industrie du tabac. Les doubles discours se multiplient et sont hélas monnaie courante ; la classe politique est déconnectée de la réalité.
L’usage répété du cannabis peut mener à une forme de dépendance et à des effets pervers sur la santé des gens.
« Il ne faut pas sous-estimer la nocivité du cannabis sur l’organisme et la santé. Certes les retombées sont souvent moins dramatiques que certaines autres substances psychoactives, mais les risques sont bien là…et peuvent même mener au décès.
L’appareil respiratoire est doublement exposé aux risques physiques : les émanations toxiques du goudron contenu dans le tabac mais aussi au goudron contenu dans le cannabis en combustion font double emploi et attaque donc sévèrement le système respiratoire. La consommation régulière et avancée de ces produits peut engendrer l’apparition d’un cancer précoce du poumon. Ces risques sont d’autant plus forts si l’on consomme le cannabis dans certaines conditions d’inhalation intense (douille, bang, pipe) [1] ».
Les politiciens, mêmes certains plus conservateurs, ne ferment plus la porte à la légalisation du cannabis, bien au contraire. Sous leur militantisme ou leur naïveté se cache d’abord une volonté de plaire, d’être « à la mode ou cool », de jouer la carte de l’ouverture d’esprit. Ils cherchent, en quelque sorte, à séduire les jeunes et un électorat bien précis. C’est un clientélisme rose bonbon qui se répand. Comme avec d’autres enjeux, s’opposer à cette légalisation est risqué politiquement : l’unanimité médiatique et le schéma narratif dominant sont là pour ramener à l’ordre ceux qui sortent des sentiers battus.
Pendant que les politiciens travaillent donc activement à banaliser le cannabis, on ne compte plus les campagnes publicitaires antitabacs, les mesures, les règlements et les campagnes de sensibilisation pour contrer le tabagisme.
« Le Gouvernement du Canada a de nombreux programmes pour lutter contre la façon dont les produits du tabac sont fabriqués, publicisés, emballés, étiquetés et vendus. La stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme est celui qui a la plus grande portée (…)
Plusieurs lois du Gouvernement du Canada contrôlent la publicité sur le tabac. La Loi sur le tabac, par exemple, restreint la publicité sur le tabac, interdit la commandite par les compagnies de tabac et exige la présence de mises en garde sur les paquets de cigarettes (…)
Les gouvernements provinciaux et territoriaux canadiens ont banni la publicité sur les produits du tabac dans les lieux de vente (…) Le Règlement sur l’étiquetage des produits du tabac (cigarettes et petits cigares) est entré en vigueur en 2011. Il expose les grandes lignes des exigences sur les étiquettes relatives à la santé qui doivent être affichées sur les paquets (…)
Imposer des taxes qui font augmenter les prix des produits du tabac est l’une des mesures les plus efficaces pour réduire la consommation de tabac [2] ».
Les mesures prises par les gouvernements ont été efficaces. Il y a une baisse significative du nombre de fumeurs au Canada. En effet, selon Statistique Canada, « la proportion de fumeurs au Québec est passée de 21,4% à 19,6%. Au Canada, elle a chuté de 19,3% à 18,1% entre 2013 et 2014 » [3]. Il ne faut toutefois pas passer sous silence les sommes importantes dépensées par les gouvernements.
Les gouvernemamans, présents comme jamais dans nos vies, souhaitent donc en revanche faciliter l’accès a une drogue. Ils veulent nous contrôler, nous protéger, nous dire quoi manger ou non, quoi boire ou non, quoi écouter, bref, ils cherchent à nous infantiliser et à nous chouchouter…et puis il y a le cannabis. Il est à se demander qu’elles sont les réelles intentions du gouvernement fédéral derrière cette idée : alors que le gouvernement Chrétien faisait la guerre au tabac, celui de Justin Trudeau travaille à légaliser une drogue. La girouette libérale à l’œuvre. Est-ce qu’une telle légalisation est le prélude à d’autres légalisations de drogues : 2025 pour l’héroïne ? 2030 pour la cocaïne ?
Répétons-le : cette initiative survient alors que le gouvernement de Philippe Couillard a adopté la Loi 44 dans le but de renforcer la lutte contre le tabagisme et que le gouvernement Trudeau a annoncé à la même époque une stratégie agressive pour obliger l’industrie du tabac à utiliser des emballages neutres (sans logo ni nom) [4]. Rien n’arrêtera un Trudeau narcissique qui veut faire du cannabis le symbole de son progressisme et de son soi-disant avant-gardisme, un coup d’éclat politique qui rapportera gros auprès des jeunes et des artistes.
Trudeau devient rapidement une caricature de lui-même : tout est chez lui une question d’image, de superficialité et…de dogmatisme. C’est le règne du gauchisme décomplexé. Le Canada n’a-t-il pas d’ailleurs d’autres dossiers à prioriser – l’insécurité galopante, l’économie, l’assainissement des finances publiques, la mise à jour de nos infrastructures, etc. ?
Les études qui confirment les méfaits du tabagisme sont somme toute assez récentes. Les gouvernements devaient partir de loin pour changer nos habitudes. Mais concernant le cannabis, nous savons déjà qu’il peut être très nocif pour la santé.
Il ne s’agit pas ici de faire la morale ou de paraître vieux jeu mais de montrer encore une fois la face cachée des politiciens.
2 Responses
Merci du commentaire. C’est le paradoxe gouvernemental, soit de diaboliser une substance et d’en appuyer une autre.
Article intéressant mais comme tout ceux que j’ai lu ça ne réponds pas à pourquoi diaboliser le tabac et libéraliser la marijuana ?