Une campagne malgré tout cruciale

Une campagne malgré tout cruciale

La campagne électorale arrive enfin à sa conclusion. Ces élections générales ont leur importance pour un Québec qui peu à peu, se transforme démographiquement. Hélas, le programme politique des principaux partis propose sensiblement la même recette : celle d’une surenchère gauchiste ou autrement dit, la poursuite d’une social-démocratie pourtant inefficace et inhumaine. C’est donc un refus catégorique et généralisé de remettre en question le modèle québécois qui en arrache. Toujours plus d’interventionnisme étatique, toujours plus de programmes sociaux, toujours plus de bureaucratie. C’est le blabla politique habituel. Néanmoins, à la surprise de plusieurs, l’immigration s’est aussi invitée dans les débats. Cet enjeu autrefois tabou revient sous les feux de la rampe et ce, au grand plaisir des nationalistes inquiets du sort réservé à la majorité historique québécoise, c’est-à-dire aux Canadiens français du Québec. 

La CAQ promet, si elle est élue, de baisser les seuils d’immigration sa promesse la plus populaire et la plus mordante qui contribuera peut-être à la victoire caquiste. La gauche mondialiste, celle qui est pour l’ouverture des frontières et pour un immigrationnisme fou et la droite dite libérale, celle qui est déracinée et qui n’a en tête que le PIB et le profit (main-d’œuvre bon marché), s’entendent sur une chose dans une alliance idéologique inattendue : le Québec serait victime d’une soi-disant pénurie de main-d’œuvre et seulement une immigration massive viendrait régler le problème. Pourtant, plusieurs études sérieuses démontrent hors de tout doute que l’immigration ne changera en rien la situation et même pire, qu’elle amènera d’autres problèmes comme une crise du logement et une surchauffe des services publics. Le Remède imaginaire, de Benoît Dubreuil et de Guillaume Marois devient ici un ouvrage de référence. Mais autant les médias que la classe politique actuelle semblent fuir ce constat.

Les mondialistes parlent fort et influencent la psyché collective. Pour eux, c’est l’immigration par ici, l’immigration par là. Elle serait la seule solution aux maux qui nous rongent. Cette pénurie, si elle existe vraiment, pourrait d’abord se résorber par de simples gestes d’un gouvernement québécois honnête et de bonne foi : une révision de la fiscalité (alléger le fardeau fiscal), des incitatifs financiers pour que les retraités retournent sur le marché du travail ou pour retarder l’âge de la retraite, la robotisation, la formation continue, un plan pour remettre les chômeurs au travail, de meilleures conditions de travail, prévoir une stratégie pour motiver l’entrepreneuriat, etc.

La gauche mondialiste est passée maître dans l’art de se contredire lorsqu’il est temps d’imposer son idéologie. Les Québécois remarquent aussi le fouillis chronique et complet du processus d’immigration : un ministère fédéral et un ministère québécois qui s’entrechoquent et qui entrent en conflit (doublon classique du régime fédéral qui empiète sur le Québec). L’immigration massive que nous subissons est un choix politique qui n’a jamais reçu l’aval des citoyens. Nous recevons le monde entier sans plan clair, sans vision d’ensemble, sans stratégie complète. Une seule idée triomphe : c’est la noyade migratoire dont parlait René Lévesque.

Il serait grand temps d’envisager un moratoire sur l’immigration et que le Québec réclame et obtienne l’ensemble des pouvoirs en immigration : pour faire le ménage dans les programmes, analyser objectivement nos besoins en immigration, s’assurer d’une immigration francophone et compatible aux valeurs québécoises. Les politiciens, ce qui comprend les politiciens les plus nationalistes, apeurés d’être étiquetés comme étant des racistes, des xénophobes, des intolérants ou des complotistes, vont s’autocensurer, se taire, regarder ailleurs ou tout simplement sauter dans la vague ; la plupart des politiciens adhèrent de facto à l’idéologie mondialiste. Cet enjeu, qui peut s’avérer être une véritable peau de banane, requiert des réponses assumées et des propos éclairés. Il n’est pas le temps d’être évasif ou d’y aller de banalités sans quoi les médias s’acharneront sur vous et seront sans pitié. C’est pourquoi les tergiversations de François Legault, qui disait tout et son contraire, pourrait lui couter des votes. Les Québécois n’aiment pas les politiciens imprécis, ceux qui reculent, ceux qui ne s’assument pas, ceux qui se vautrent dans la rectitude politique. Déjà que son nationalisme était très modéré, il a démontré, pendant la campagne, que son nationalisme sonnait faux et qu’une fois au pouvoir, que la CAQ risquait d’être sur le pilote automatique. Effrayé par la gauche et les médias, Legault a perdu à un certain moment donné le contrôle du message et une partie de son énergie. 

Philippe Couillard, le Premier ministre sortant, incarne, lui, le mondialiste décomplexé et déchaîné. Si sous le PLQ, le Québec a régressé dans bien des domaines, c’est avant toute chose sur la question identitaire que le gouvernement Couillard doit être battu. Et sans rire, Couillard dit régulièrement que les problèmes du Québec découlent non pas des quinze années au pouvoir des gouvernements libéraux mais des coupures péquistes sous le gouvernement Bouchard. Que Couillard le veuille ou non, les mandats des gouvernements libéraux se soldent par un échec sur toute la ligne : copinage et corruption, endettement, des infrastructures qui tombent en ruine, un système de santé socialiste pire que jamais, une bureaucratie galopante, un fardeau fiscal étouffant, l’anglicisation de la région montréalaise, notre patrimoine en péril, l’insécurité, la mainmise du gouvernemaman sur nos vies, les changements démographiques, un fédéralisme agressif, le maintien du cours ECR, notre islamisation, les accommodements religieux, etc. 

« Vous êtes contre la majorité des Québécois » et « Vous ne voulez pas défendre les valeurs des Québécois », disait Legault en réplique à un Couillard visiblement dégouté par le « nationalisme » caquiste. Disons-le franchement : Couillard se classe parmi les pires Premiers ministres de l’histoire récente du Québec.

Le chef libéral répète aussi à qui veut bien l’entendre que le « français se porte bien à Montréal. Une autre affirmation, qu’il est facile, par une simple promenade dans les rues de la métropole, de démentir. Puis, lors d’une visite récente à l’Observatoire de la Capitale, un tableau évocateur montrait que le français n’était la langue maternelle que de 49% des Montréalais. Le débat des chefs présenté en anglais m’a fait par ailleurs sourciller. Le français est et doit être la seule langue dans l’espace politique et gouvernemental du Québec. 

Mais répétons-le : notre lutte n’est pas contre l’anglais ni contre les immigrants ou le multiculturalisme : nous nous battons pour préserver et émanciper une nation québécoise de souche européenne qu’il faut doter d’un État français d’essence catholique bien à elle. 

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Extrait de l’exposition Parcours-horizons présentée à Observatoire de la Capitale
Image : Sylvain Gauthier

L’enjeu identitaire a produit des flammèches lors de la campagne. Il éveille chez nous une fibre patriotique qui, malgré tout, est encore bien ancrée en nous. 

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