Un certain 11 novembre

Un certain 11 novembre

Malgré une matinée froide, nous avons pu réchauffer notre cœur par la touchante cérémonie organisée par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Le 11 novembre est, à chaque année, une journée bien spéciale puisqu’elle vient rappeler le sacrifice de nos valeureux militaires qui ont, à différentes époques, brillés sous le firmament des héros : ils se battus pour préserver nos valeurs et notre mode de vie. Ils incarnent la virilité, la fierté, le courage, la solidarité, la détermination. En ces temps où le mondialisme souhaite éliminer un à un nos symboles les plus chers, un devoir de mémoire s’impose. Le Jour du Souvenir s’inscrit dans cet exercice si important : il vient nous réconforter, nous émouvoir, nous faire réfléchir, nous redonner une dose de patriotisme


Image : SSJB

Le 11 novembre 2019 restera pour moi un moment inoubliable car la SSJB a tenu à honorer 11 anciens combattants. Elle a décerné la médaille de l’Assemblée nationale à des hommes exceptionnels et parmi eux, il y avait mon grand-père Anastase Gauthier qui a reçu la médaille à titre posthume.

Le Président de la SSJB, Maxime Laporte, prononça ces quelques mots en guise de présentation :

« Monsieur Anastase Gauthier, né le 27 décembre 1913 à Québec, joint l’armée en 1941. Il fut parti du service militaire de la marine canadienne lors de la Deuxième Guerre mondiale. Il a navigué, entre autres, sur le HMCS Skeena et participa au torpillage du U-588. Au cours de sa vie, Monsieur Gauthier fut récipiendaire de médailles et de mentions, tel que la médaille de guerre 1939-1945, l’étoile de l’Atlantique et la médaille canadienne du volontaire. Il s’éteint en 2007, dans sa ville natale, la Capitale-Nationale. »

Grand-papa aurait été sans doute très heureux, mais aussi très humble, en la recevant. Il aurait ensuite sympathisé, verre à la main, avec les invités et ses confrères militaires et salué peut-être plus sobrement, ses anciens frères d’armes. Il a été témoin de la mort de plusieurs hommes et des horreurs d’une guerre terrible. Il était évidemment fier d’être un vétéran et d’avoir pu contribuer, à sa façon, à la victoire des Alliés. Mais il est resté, jusqu’à sa mort, plutôt discret sur cette période dramatique de sa vie. La Seconde Guerre mondiale a profondément marqué et touché ceux qui l’ont vécue de près. Parlons d’humilité, de tristesse, de traumatisme, de mélancolie, de choses que l’on préfère oublier. Certaines images peuvent rester gravées pour toujours dans la mémoire d’un homme. Une chose est claire : mon grand-père ne se plaignait jamais et n’avait rien du vantard qui raconte ses exploits pour épater la galerie. Non, comme la plupart de ses compagnons, il ne faisait qu’accomplir son devoir. Nous avons des leçons à retenir de ces hommes d’un autre temps. 


Image : Sylvain Gauthier

Le Jour du Souvenir n’est pas qu’une date du calendrier : c’est un cours d’histoire en accéléré. Il est bon parfois de s’arrêter un instant pour apprécier ce que nous avons, pour définir qui nous sommes, pour savoir d’où nous venons. C’est un cliché, je le sais très bien, mais pour comprendre le présent, il faut d’abord s’intéresser au passé. La culture historique, si déficiente aujourd’hui au Québec, explique pourquoi nous nous trouvons dans un cul-de-sac politique. Nous avons perdu nos repères, nous n’avons plus de boussole pour nous guider à travers cette mer anglo-saxonne et multiculturelle. Il serait temps de se réveiller. 

D’où l’importance donc d’une Journée comme le 11 novembre. Celle-ci remet les choses en perspective et me permet, peut-être naïvement, d’espérer un futur moins sombre pour notre peuple en dormance. Le nationalisme doit reprendre ses droits, c’est urgent ! Les Québécois doivent se rassembler et prendre exemple de ces milliers de combattants qui, droits comme un chêne, solidaires dans l’adversité, ont triomphés du nazisme. En 2019, c’est le mondialisme décomplexé qui se dresse devant nous. Il serait grand temps de se retrousser les manches et de rallumer cette flamme patriotique qui jadis, était le fer de lance de la nation canadienne-française.  D

Aujourd’hui, les réseaux sociaux nous poussent à la superficialité. Des vedettes instantanées surgissent puis retombent vite dans l’oubli. La jeunesse aurait avantage à s’inspirer de nos vétérans. Le confort et l’individualisme guident nos vies. La société patauge dans un gauchisme à la sauce social-démocrate qui nous a aseptisé, affaibli, rendu plus vulnérable et docile : nos traditions et nos racines historiques s’essoufflent, la rectitude politique devient la norme, une forme de bien-pensance s’installe, le visage de nos villes change. Certains petits génies veulent réécrire notre histoire, ils cherchent à faire table rase de notre passé et à déconstruire la société pour laquelle nos soldats se battaient. Nos anciens combattants et tout particulièrement ceux des deux grandes guerres mondiales, auraient-il pu imaginer que leurs efforts et leurs sacrifices soient anéantis par leurs propres descendants ? Une civilisation occidentale qui s’est construite progressivement à travers les siècles, à travers les millénaires, et qui en l’espace de quelques années seulement, frôle maintenant la catastrophe. 


Image : Sylvain Gauthier

Si les exploits de nos vétérans arrivent encore jusqu’à nous, qu’en sera-t-il dans 15 ans, dans 25 ans, dans 50 ans ? Leur courage formidable mérite d’être reconnu pour toujours. Allons-nous les abandonner ? Les luttes d’autrefois ont-elles été inutiles ? Les guerres ont frappé notre imaginaire. Elles sont dures et impitoyables. Mais elles peuvent être nécessaires. En mémoire de mon grand-père et de ses camarades, célébrons encore et encore leurs exploits, leur bravoure, leur courage et reprenons le contrôle de notre destin.

Partagez cette publication

Facebook
LinkedIn
X
Courriel

2 Responses

Répondre à Christian Annuler la réponse

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles connexes

Régulièrement dans l’actualité des articles nous annoncent la destruction prochaine d’un bâtiment patrimonial ou l’abandon total d’un édifice historique qui, entre temps, se

Le roman nous entraîne au cœur d’une époque de bouleversements rapides, ébranlée par les guerres mondiales et reconfigurée par une immigration massive. C’est,
Lire Arthur Buies, c’est découvrir un auteur d’exception, digne de figurer au panthéon de la littérature québécoise. Pour bien saisir la richesse de
Publié en 1963, La Planète des singes de Pierre Boulle est un roman d’anticipation aussi brillant qu’inquiétant. Longtemps fasciné par la saga cinématographique,
« L'actualité occupe peut-être plus de place que l'histoire, mais aujourd'hui l'histoire est plus utile que jamais pour enrichir notre lecture de l'actualité ».
Un musée consacré à l’histoire de notre nation n’aurait rien de choquant ni de blasphématoire. Nous pourrions le comparer à une boîte à

Lionel GROULX écrivait, dans le premier tome de NOTRE MAÎTRE, LE PASSÉ, des mots qui résonnent encore comme jamais en ce 21e siècle

Je me souviens jadis – alors tout jeune étudiant – d’avoir été séduit par cette fable : l’aura de mystère et de beauté

Notre mémoire collective s’efface dans un Occident aseptisé où triomphe un mondialisme décomplexé. Les Québécois d’aujourd’hui banalisent leur propre histoire nationale – ils

La « politique » n’a rien de simple. Derrière ses acteurs se cachent un régime politique et plus largement, la démocratie, principe millénaire

Articles récents