Une décroissance aux multiples visages

Une décroissance aux multiples visages

La lecture d’un essai[1] récemment publié m’a fait comprendre un principe encore méconnu, celui de la décroissance, sujet complexe s’il en est un, mais qui, sans être exactement dans la même ligne de pensée que mes propres écrits, offre quelques parallèles pertinents avec ma vision politique et philosophique. Ce livre attaque l’absolutisme idéologique de certains gauchistes qui souhaitent la fin du capitalisme, qui autrement dit espèrent tout simplement en finir avec notre volonté de toujours en vouloir plus, celle de croire en une croissance économique infinie et sans limite. L’auteur mentionne avec justesse que derrière leur écologisme et leur humanisme, parfois sincères et malhabiles, mais surtout teintés de propagandes mensongères, se cachent un désir passionné de bouleverser notre monde, une ardeur incontrôlable d’y établir en quelque sorte un éden communiste.

L’écologisme moderne a plusieurs origines. L’une d’elle, le conservatisme, ignorée évidemment par une gauche ignorante ou égoïste, servit de rampe de lancement au mouvement que nous connaissons aujourd’hui − incarné alors par une droite qui recherchait à préserver les traces de notre histoire, à garder intact l’héritage légué par les générations passées. Les décroissants, les mêmes qui rêvent discrètement de renverser notre civilisation millénaire, prônent parfois pourtant sans l’admettre des valeurs plus nationalistes et conservatrices : l’achat local, le retour à la terre, s’éloigner des échanges commerciaux de plus en plus mondialisés pour privilégier davantage l’autosuffisance et la relocalisation industrielle. Des valeurs qui s’opposent à l’idée du mondialisme effronté tous azimuts qui nous ait destiné. Les paroles et les gestes des décroissants sont frappés de multiples contradictions qui ne sont pas sans rappeler celles de la gauche mondialiste. Les écologistes convaincus, sont, à tort, régulièrement associés à cette forme de gauchisme décroissant. Une gauche contemporaine qui se targue d’être l’apôtre de l’ouverture mais qui pratique dans les faits une tolérance et une liberté d’expression à géométrie variable et qui par son islamisme rugissant renie ses pensées féministes et de justice sociale. Le mouvement décroissant prend ses racines dans les principes d’un freudo-marxisme-léninisme tapageur qui n’aspire qu’à la fin de notre société capitaliste industrielle. Paradoxe intéressant, le communisme s’apparente au capitalisme classique car il utilise le même mécanisme d’accumulation de biens dans le but d’obtenir un rendement à l’échelle. Parlons ici de capitalisme étatique.

Bien que le libéralisme économique et le capitalisme classique lié aux profits s’avèrent parfois tous deux ravageurs, cruels et sans pitié − la crise covidienne l’aura illustrée parfaitement − ils auront contribués à l’épanouissement et à la puissance de la société occidentale telle que nous la connaissons en 2021 – les avancées technologiques et médicales, la richesse globale, la création d’une classe moyenne stable, la réduction de la pauvreté, l’augmentation de l’espérance de vie, etc. Les décroissants n’y voient néanmoins qu’un monde maudit à détruire car ils idéalisent davantage une société égalitaire sans classe sociale ni propriété privée. L’utopie d’une gauche assoiffée de domination et de pouvoir qui emploiera son ingéniosité intellectuelle et pratique pour faire cheminer progressivement son agenda politico-chamaniste. Son écologisme et son féminisme ne sont, par exemples, que des attrape-nigauds, c’est-à-dire une façade idéologique temporaire pour s’accaparer sous de faux prétextes vertueux d’un thème populaire. Pour gagner des adeptes ensuite facilement manipulables qui se soumettront volontiers à leur vision politique orwellienne, à cet anarcho-communisme à la sauce soviétique qui échoua tant de fois depuis un siècle.

La décroissance peut avoir pour quelques-uns un arôme d’authenticité, être un principe philosophique naturel. Les bohèmes et hippies des années 70 se reconnaîtront peut-être. Des décroissants qui aiment sincèrement la nature et pour qui la surconsommation et l’insouciance caractérisent des défis que la société occidentale doit relever. Ils n’appartiennent pas à cette classe d’anarcho-communistes bagarreurs…ils espèrent, un peu naïvement, une société simplement plus respectueuse et consciente de l’environnement, une société pavée de bonnes intentions écologiques, une société plus humaine, locale et minimaliste. Ces disciples de Gaia ne souhaitent pas l’écroulement complet de la société mais rappeler notre fragilité et notre vulnérabilité. Ces écologistes peuvent ainsi parfois revêtir les habits du décroissant modéré muni d’une dose de conservatisme et de nationalisme. Ils ne font donc pas partie de la gauche bien-pensante révolutionnaire. Ils militent tout bonnement par la santé de notre planète. 

La marche pour la dislocation de notre système économique capitaliste et de l’hégémonie occidentale passe plutôt par le radicalisme du mouvement décroissant , euphémisme bon chic bon genre employé pour qualifier les marxistes-léninistes en mode destruction, et par des mondialistes déterminés à dénaturer nos nations, à établir de nouvelles normes sociales, à orchestrer des conflits ethnoculturels, de mini guerres civiles en quelque sorte, à préparer l’avenir, le leur, celui qu’ils dirigeront de manière tyrannique. Une gauche mondialiste dite régressive qui cadre incontestablement avec la définition de la décroissance, une gauche qui magnifie Cuba, le Venezuela et une Chine communiste polluante, preuve additionnelle de sa supercherie verte. L’extrémisme de cette nouvelle gauche a maintenant atteint un sommet maniaco-psychotique alarmant. Cette dernière a envoyé sur le champ de bataille des Antifas toujours plus agressifs et violents, une armée de révisionnistes déboulonneurs de statues et des belligérants supposément antiracistes à la Black Lives Matter. Elle souhaite aussi laisser sa marque dans une crise sanitaire covidienne devenue rapidement politique : pour se débarrasser d’un Trump patriote et anti-establishment, pour mettre en place un chaos social insoutenable qui lui permet d’exploiter le ressac ainsi crée dans un but sans équivoque, celui d’installer sa sacro-sainte idéologie digne d’un film apocalyptique hollywoodien de série B. C’est l’établissement d’un corridor mondialiste liberticide sans point de retour.    

Si vous me lisez régulièrement, vous savez sans doute que j’analyse la société d’abord par ses aspects sociaux, culturels et identitaires, soit en juxtaposant la puissance effrénée de la gauche radicale et l’abandon progressif de nos valeurs historiques et judéo-chrétiennes. L’Occident qui, s’autoflagelle et s’autodétruit constamment depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, se suicidera à la tombée du jour. C’est la déchéance d’une civilisation millénaire jadis enviée et respectée et la montée d’une gauche politico-hypocrite qui s’éloigne du progressisme naturel de la gauche traditionnelle, celle qui travaillait aux réel progrès de l’Humanité. La nouvelle gauche renie ses origines, ses fondements, ses principes élémentaires, pour discrètement installer ses dogmes qui petit à petit, affichent un visage hideux qui nous terrasse de l’intérieur. Si les écologistes sympathiques à la cause environnementale fourmillent mélancoliquement dans de naïves pensées imprécises, mal formulées et bien souvent alimentées d’un illogisme pénétrant, les décroissants, eux, appliquent un plan de match judicieusement orchestré. Ils déploient l’immigration de masse, version moderne du Cheval de Troie, et multiplient les discours culpabilisateurs pour affaiblir une civilisation occidentale qu’ils connaissent par cœur.

La gauche radicale jubile en parlant de décroissance et les médias subventionnés en redemandent. Les nationalistes veulent la prévenir puisqu’elle mène à l’élimination des États-nations. La décroissance, selon l’auteur, serait avant toute chose économique, donc reliée à la finance, à l’industrialisation, à la technologie, à la société de consommation et à notre style de vie bourgeois. Pour moi, la décroissance résultera d’un traumatisme social et identitaire, celui d’une société multiculturelle conflictuelle générant la désolation et le désordre qui sauront avantager cette gauche contrôlante qui voudra profiter de la confusion généralisée pour se glisser sur le trône en prétendant être le Sauveur, celui qui pourra redonner espoir à une société désorganisée et apeurée, un Sauveur qui imposera une dictature dite transitoire pour rétablir l’ordre, une sorte de période tampon indispensable à la création d’une société parfaite où un bonheur semblable au roman le Meilleur des mondes apparaîtra soudainement. C’est la magie d’une gauche joggant sur une route parsemée de licornes roses trottant et de chevaux ailés grignotant des arbustes chocolatés. L’altruisme gauchiste n’est pourtant qu’une légende urbaine. Sous ses intentions nobles se cachent non pas quelques sacrifices temporaires pour des jours plus heureux mais un règne liberticide et arbitraire continu pour le « bien de tous ». On peut comparer ce principe aux libertés fondamentales qui, sous un motif sanitaire pinocchien, furent sacrifiées au nom d’un prétexte fallacieux − une ruse politique qui a fait dire à l’esclave « Vive mes chaînes » ou en d’autres mots de la servitude volontaire, de la soumission avec les pouces en l’air, s’agenouiller avec le sourire, lécher des bottes avec le sentiment d’accomplir son devoir. Le mot « temporaire » n’est dans la bouche du politicien et du magouilleur qu’un appât pour passer à la prochaine étape. Quelques esprits libres le comprirent pendant la crise covidienne.

Jamais le mot « liberté » aura fait autant peur que lors du délire covidien. Les conformistes, à genoux devant les autorités, et de plus en plus intolérants et inhumains, se mirent à rire du désir de certains de vivre, juste vivre, une vie normale. Ils méprisaient ceux qui ne cherchaient qu’à être libre. La liberté a depuis toujours l’essence même de l’âme humaine. Des millions d’hommes et de femmes moururent pour l’obtenir et la conserver. Mais aujourd’hui, au nom d’un virus voisin de la grippe saisonnière, la liberté recule. L’hystérie collective aura amené à une désagrégation de la solidarité humaine. Des gens s’autoproclamant progressistes et humains qui mettent des conditions à notre liberté. Des politiciens qui jouent aux agents de libérations conditionnelles. Pierre Falardeau écrivait en 2003 :

« La liberté pourquoi ? La liberté, point. La liberté en soi. La liberté pour soi. La liberté pour elle-même. La liberté pour la liberté. Pour pouvoir respirer, tout simplement. D’abord sortir de sa cage. Ensuite on verra. »

Le peuple acclamait son héros caquiste. Legault et ses apparatchiks se virent dotés d’une mission sainte, celle de « protéger » la population. Des anges dont les sages paroles allaient réconforter le bon peuple. Un message béni par leurs chefs spirituels. Ils nous proposèrent une vie humble et miséricordieuse, un bonheur illusoire sous le confort moderne, une prison dorée netflixienne. Le mensonge des gourous de la secte covidienne qui par leurs comptines enfantines et clownesques, nous disaient que tout allait bien aller. Cette communion se traduisît par une campagne de peur et des appels à la dénonciation qui rappelèrent, à plus petite échelle évidemment, l’occupation allemande et le communisme du 20è siècle. Une terre jadis de libertés volée par des politiciens dopés par le pouvoir et des idéologues manipulateurs à la solde du mondialisme.

Se battre pour nos libertés et nos droits fondamentaux n’est ni de l’égoïsme ni de l’insouciance. C’est un devoir citoyen. C’est la force contre faiblesse. C’est le patriotisme versus la soumission. C’est de voir au-delà d’une situation donnée. C’est réfléchir, critiquer. C’est le nouveau sens à donner au patriotisme. La gauche veut nous offrir un monde sans frontière et sans nation conduit par des organismes supranationaux. La souveraineté des pays remplacée par un gouvernement mondial autoritaire. Un combo liberticide, le mondialisme enrobé d’une sauce communiste.

Un philosophe décroissant[2] faisait en partie fausse route lorsqu’il prévoyait que la technologie allait mener à un gouvernement mondial tyrannique.

« La technophobie va jusqu’à prétendre que l’aboutissement du développement technique de l’humanité va déboucher sur : la dictature mondiale la plus totalitaire qui puisse exister. »

La technologie ne fait pas naître la tyrannie ; elle peut devenir par contre, entre les mains d’un gouvernement, un instrument puissant utilisé pour confirmer et solidifier sa mainmise sur le peuple. C’est le roman 1984 mis au goût du jour avec des outils de traçage et de géolocalisation à la fine pointe de la technologie, des réseaux sociaux qui ont changé nos habitudes, des caméras sophistiquées qui nous épient, l’apparition de la reconnaissance faciale, des téléphones intelligents qui suivent pas à pas nos faits et gestes, la numérisation de nos données et informations personnelles nous rendant vulnérables et à la merci du pouvoir politique.

La gauche régressive et la droite dite libérale auront contribué à l’essor de cette société mondialiste et multiculturelle qui avantagera principalement, à long terme, la gauche mais aussi les géants du Web, les grandes corporations financières et bancaires et les multinationales du capitalisme sauvage. Ensemble ils formeront la caste supérieure, une alliance oligarchique surprenante qui écrasera les plus petits et le peuple, tous dépendants du bon vouloir étatique et élitique. La population ne réfléchit plus, elle se laisse distraire par des politiciens véreux et des médias subventionnés, elle est endoctrinée de force dans le délire idéologique de la gauche mondialiste, elle est censurée, manipulée, effrayée. En période covidienne, son cerveau a été kidnappé par des illusionnistes et le chant des sirènes.

Lorsque nous restons le nez collé dans le présent sans avoir de perspective historique, nous nous condamnons à ne rien comprendre ou à mal percevoir la réalité, c’est sauter en somme d’un avion sans parachute. Nous devons apprendre de l’histoire humaine et décoder le présent à travers la lunette du passé. Il s’agit de ne pas regarder à travers le prisme déformant du présent, trop souvent faussé et perverti par les classes dirigeantes et dominantes. La dictature covidienne actuelle est la version sanitaire des pires régimes bananiers de l’histoire. Elle comporte les mêmes caractéristiques, le même niveau de langage, la même propagande de peur, le même degré de trahison et de délation, les mêmes personnages soumis et les mêmes défenseurs de la liberté. Le gouvernement Legault, avec la complicité de médias corrompus intellectuellement par l’argent, ne fait que chercher des coupables pour excuser et cacher sa piètre gestion de la crise, pour justifier encore une fois les échecs de la social-démocratie et pour instituer un absolutisme pavlovien. Le comportement grégaire et anxiogène que nous remarquons partout dans notre quotidien représente l’aboutissement d’un travail minutieux d’une gauche régressive qui s’est infiltrée dans nos institutions, un peu comme tente de le faire la Chine communiste dans presque tous les domaines de la société : les médias, la classe politique, l’éducation, l’immobilier, le milieu des affaires, les intellectuels, le milieu artistique, etc. Le peuple a encore le pouvoir de changer cette tendance malheureuse. La décroissance ou plutôt, le déclin tranquille de la civilisation occidentale, avance vite et ce dans une indifférence assez crasse. Pour un patriote énergique et lucide, il y a des dizaines de Trudeau, Legault et Macron assujettis à la médiocrité et aux dictats capitalistes et mondialistes.

L’idée fantasmagorique de la décroissance d’abord défendue par quelques illuminés salivant devant notre soviétisation s’est ainsi mutée, d’une certaine manière, dans un grand projet dessiné par la haute sphère économique mondiale. La Grande réinitialisation n’est pas un projet romanesque sortant de la tête de complotistes écervelés perdus dans leur pensée terreplatienne. Elle est en route. Il y aura bientôt une pénurie de complots tellement la fiction a dépassé la réalité.    


[1] L’essai est L’Arnaque décroissante, de Frank, 2020

[2] Il s’agit de Jacques Ellul, cité dans l’Arnaque décroissante, page 25.

Partagez cette publication

Facebook
LinkedIn
X
Courriel

Une réponse

Répondre à Rafael-Olivier Somma Annuler la réponse

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles connexes

Régulièrement dans l’actualité des articles nous annoncent la destruction prochaine d’un bâtiment patrimonial ou l’abandon total d’un édifice historique qui, entre temps, se

Le roman nous entraîne au cœur d’une époque de bouleversements rapides, ébranlée par les guerres mondiales et reconfigurée par une immigration massive. C’est,
Lire Arthur Buies, c’est découvrir un auteur d’exception, digne de figurer au panthéon de la littérature québécoise. Pour bien saisir la richesse de
Publié en 1963, La Planète des singes de Pierre Boulle est un roman d’anticipation aussi brillant qu’inquiétant. Longtemps fasciné par la saga cinématographique,
« L'actualité occupe peut-être plus de place que l'histoire, mais aujourd'hui l'histoire est plus utile que jamais pour enrichir notre lecture de l'actualité ».
Un musée consacré à l’histoire de notre nation n’aurait rien de choquant ni de blasphématoire. Nous pourrions le comparer à une boîte à

Lionel GROULX écrivait, dans le premier tome de NOTRE MAÎTRE, LE PASSÉ, des mots qui résonnent encore comme jamais en ce 21e siècle

Je me souviens jadis – alors tout jeune étudiant – d’avoir été séduit par cette fable : l’aura de mystère et de beauté

Notre mémoire collective s’efface dans un Occident aseptisé où triomphe un mondialisme décomplexé. Les Québécois d’aujourd’hui banalisent leur propre histoire nationale – ils

La « politique » n’a rien de simple. Derrière ses acteurs se cachent un régime politique et plus largement, la démocratie, principe millénaire

Articles récents